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    Geopolitica: Nicolae Trifon. Faire l'Europe dans les Balkans a l'heure de la crise
    Scris la Wednesday, December 07 @ 20:33:45 CET de catre asymetria
    Geopolitica
    Faire l’Europe dans les Balkans à l’heure de la crise grecque

    Par Nicolae Trifon

    Les tensions et les conflits en cascade générés par l’éclatement brutal  de la Fédération yougoslave sur fond de sortie désordonnée du communisme d’Etat ont choqué les opinions publiques des pays d’Europe occidentale et centrale, membres de l’Union européenne ou en passe de le devenir, à tel point que certains ont fini par douter de l’appartenance à l’Europe des territoires situés au sud de l’est du Vieux Continent. Nombre de clichés ont repris du service au grand dam des intellectuels de la région tournés vers l’Europe et de leurs confrères occidentaux conscients de la responsabilité  par le passé des Grandes Puissances dans la tant décriée « poudrière balkanique ».  



    Sans doute leur indignation était-elle justifiée par le caractère insultant de tels clichés et par les explications simplistes  qu’ils véhiculaient. En revanche, cette indignation ne fournissait pas des arguments suffisamment convaincants allant dans le sens d’une meilleure compréhension des réalités balkaniques dans  leur spécificité. On avait tendance à minimiser, voir à nier, les aspects « non-européens » de ces réalités marquées par une histoire, ottomane pour l’essentiel,  bien différente de celle qui a façonné les contrées situées à l’ouest et au centre de l’Europe. Entendons-nous bien, l’Europe dont il est question dans ce type de débat n’est pas l’Europe géographique ; celle-ci ne pose guère problème, et les ressortissants des Balkans et, plus généralement, de l’Est ex-communiste du continent, ont plus d’une raison d’estimer que ceux qui les exhortent  à « devenir européens » les prennent pour des imbéciles à moins d’être eux-mêmes bêtes au point d’ignorer des notions élémentaires de géographie.

    L’Europe à laquelle on se réfère dans ce type de débat est une construction politique récente, à la suite de la Seconde Guerre mondiale, dans la partie ayant échappée à l’emprise de l’URSS, et qui poursuivait un but précis : créer les conditions politiques, sur la base d’accords économiques dans les secteurs stratégiques, à même d’empêcher le retour des conflits meurtriers qui avaient ensanglanté le continent et le reste du monde au cours des deux guerres mondiales passées. On  ne naît pas européen, on le devient. L’Europe, celle du Marché commun, de l’Union européenne, ne sont pas arrivées là  comme par enchantement, elle s’est constituée,  dans des contextes divers selon les pays qui y ont adhéré et le moment historique où ils l’ont fait, à partir de motivations et en fonction d’intérêts non moins divers, pour s’imposer progressivement, en avançant, en reculant, pour le bonheur et au profit  des uns, au détriment de certains aussi, en tout cas avec l’accord en fin de compte d’une majorité des citoyens concernés malgré les critiques et les réticences de nombre d’entre eux.

    Autant dire que dans l’ancienne Yougoslavie en guerre des années 1990, et plus largement dans les autres pays de la région dans lesquels se faisaient sentir les effets de ces guerres, l’entrée dans une Europe fondée sur la volonté partagée de paix n’était pas chose facile à envisager. On ne saurait cependant s’en tenir à cette situation objective, somme toute conjoncturelle, et d’aucuns font remarquer que l’Europe ne s’est pas empressée de faire ce qu’il fallait faire ou qu’elle s’est mal prise dans les Balkans. Cette critique, souvent avancée, n’est justifiée que jusqu’à un certain point. Elle présente l’inconvénient de faire perdre de vue un autre aspect : indépendamment même de la situation exceptionnelle créée par l’éclatement de la Yougoslavie, on n’était pas prêts dans les Balkans pour rejoindre les structures européennes et on n’a pas fait non plus  grand-chose dans cette perspective. Les conflits dans l’ancienne Yougoslavie, les passions qu’ils ont mobilisées et les positionnements des uns et des autres pour des raisons souvent moins nobles que les idéaux nationaux exhibés n’ont fait que révéler des tendances lourdes toujours à l’oeuvre dans la vie sociale et politique de ces pays. L’ampleur de ces tendances avait été sous-estimée auparavant en Occident : par ignorance, parfois par calcul, le plus souvent par manque d’intérêt pour une région qui ne constituait pas un enjeu majeur. Sur place, on a tout simplement préféré le plus souvent faire la sourde oreille.

     Le révélateur grec

    Le cas de la Grèce est emblématique. Son attachement aux valeurs européennes et son engagement en leur faveur se sont envolés du jour au lendemain dès lors que le pays s’est senti  touché, même symboliquement, dans son orgueil national. La rapidité avec laquelle par centaines de milliers les habitants de ce pays sont sortis dans la rue pour scander que la Macédoine est grecque montre qu’il ne s’agissait pas de simples « vieux démons » et il en va de même pour les provocations grossières perpétrées par le nouvel Etat indépendant situé aux frontières septentrionales de la Grèce avec l’assentiment de la plupart de ses sujets.  A vrai dire, l’attitude de ces derniers, fraîchement issus de plusieurs décennies de dénonciation en bonne et due forme du nationalisme, dénonciation doublée de l’instrumentalisation discrète mais efficace de ce même nationalisme par le régime communiste, n’était ni plus ni moins étrangère à l’esprit européen que celle des premiers,  membres depuis plus d’une décennie de l’UE.  

    La surprise provoquée par la position de la Grèce  dans les années 1990 dans les Balkans aurait sans doute été moins grande si l’on prêtait davantage attention aux conditions dans lesquelles ce pays avait intégré l’Europe. Plutôt que de s’attarder sur les critères à remplir pour l’adhésion de ce nouveau pays excentré par rapport aux autres membres de l’Union, les dirigeants européens ont préféré gloser sur le rôle de la Grèce ancienne dans la découverte de la démocratie, en s’abstenant d’ailleurs de relever les différences somme toute substantielles entre la démocratie dite représentative occidentale et celle, non élective, fondée sur le mandat, en vigueur à Athènes au Ve siècle avant notre ère. Plus grave, on a prêté peu d’attention aux arguments de ceux qui s’interrogeaient publiquement sur l’option européenne de leur pays, en mettant en évidence les traditions « orientales » de la classe politique, des institutions politiques dans leur fonctionnement concret ainsi que de la conception de l’Etat et de l’autorité qui apparentaient la Grèce davantage à au Moyen-Orient qu’à l’Europe. Minoritaire déjà en ce temps, ce discours critique n’était pas dépourvu certes d’ambiguïté parce qu’il réunissait ceux qui refusaient l’Europe et ceux qui cherchaient à changer le pays pour l’intégrer pour de bon aux nouvelles structures communautaires, a été complètement ignoré par la suite.

    De nos jours, la crise grecque provoquée par la dette en 2011 apparaît comme moins surprenante une fois recadrée dans l’histoire de l’Etat grec moderne depuis sa fondation en 1828, histoire durant laquelle le poids des traditions dites orientales fut considérable, comme le rappelle l’historien Nicolas Bloudanis dans son entretien avec Jean Quatremer paru dans Libération daté des 29-30 octobre.

    Entrer en Europe ou faire l’Europe ?

    Tout cela pour dire qu’il serait illusoire de penser pouvoir faire l’économie d’une remise en question conséquente de ses « traditions ». Ce qui vaut pour la Grèce, hier comme aujourd’hui, vaut aussi pour les autres pays des Balkans et valait avant-hier, vaut  aujourd’hui et vaudra demain pour tous les membres de l’UE. En effet, ce n’est pas seulement dans les Balkans qu’il faut s’émanciper de ce genre de traditions. Bon gré mal gré, la France a dû faire elle aussi son deuil du colonialisme et l’Allemagne enterrer ses velléités expansionnistes qui ne faisaient pas bon ménage avec l’Europe.

    S’agissant des Balkans, un rappel : en Grèce comme en Bulgarie, jusqu’à une date pas très éloignée, quand on se rendait à Paris ou à Florence, on disait qu’on allait en Europe. Cette expression n’est pas attestée dans un pays comme la Roumanie mais la ligne de démarcation qui sépare le Vieux Continent et le sentiment de l’appartenance de fait à autre chose qu’à une Europe qui donne le ton depuis des siècles qu’elles suggèrent valent aussi pour ce pays, comme pour les autres pays des Balkans. Le problème des pays de cette zone n’est pas d’entrer en Europe, la configuration géopolitique du continent le permet depuis la fin de la guerre froide. Ce qu’il faut, c’est faire l’Europe, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. L’Europe politique ne coïncide pas avec l’Europe géographique.

    Pour ce qui est des mœurs de la classe politique et du clientélisme, des institutions et des mécanismes de corruption mais aussi d’une certaine vision du monde en décalage avec le monde moderne on a tendance dans les Balkans à les identifier à des avatars de l’héritage ottoman, à les renvoyer à une influence étrangère, orientale, qui aurait survécu à ceux qui l’ont exercée. En réalité, ces traditions ont été forgées à l’époque de l’administration ottomane, certes, mais sur place, dans les Balkans, ce qui rend le qualificatif d’« extérieur », d’« étranger » peu pertinent, même si cette région ne se trouvait pas au cœur du champ d’action de cette administration, comme auparavant de l’administration byzantine.

    Les nations balkaniques aux petits soins de la « civilisation européenne »

    Depuis plus d’un siècle, l’héritage ottoman est décrié sans relâche dans les Balkans. Très rarement assumé, il est en revanche assez souvent invoqué en guise d’excuse, pour expliquer ce qui ne répond pas aux exigences d’une civilisation européenne dont on déplore au passage l’implantation superficielle. Ces pratiques rituelles de rejet et d’invocation confèrent à la nation un rôle clef. C’est à son crédit que l’on met la défaite de l’ordre ottoman par le passé au nom de la « civilisation européenne », civilisation dont elle continue de se présenter comme la garante incontournable. Le contenu de ladite civilisation demeure cependant suffisamment flou pour servir d’argument d’autorité à ceux qui s’en réclament dans toutes sortes de situations. Le problème avec la nation, dans les Balkans, c’est qu’il n’y en a pas une seule, mais plusieurs, qui sont en concurrence. Elles s’estiment, chacune à sa manière, bien placées pour assurer le passage de l’ancien au nouvel ordre alors que dans les faits elles perpétuent des pratiques à peine recyclées issues d’un même passé commun (de l’ancien ordre) et qu’elles se montrent peu disposées à renoncer à leurs prérogatives au bénéfice d’une entité somme toute abstraite et surtout perçue comme extérieure, l’Europe.

    Aussi, la vivacité et l’emprise des nations dans les Balkans reposent pour une large part sur la confusion qu’elles entretiennent à propos des différences qui les distinguent et qui seraient amenées à les opposer les unes aux autres. La diversion qui s’ensuit est pour beaucoup dans la difficulté des ressortissants des pays de cette région à se confronter sereinement à un passé pas très lointain qui a été commun et à un avenir probable appelé à être lui aussi commun. Or pour lever cette confusion et empêcher la diversion il faut se donner les moyens de démonter les différences chaque fois qu’elles sont imaginaires et procéder à une réévaluation réaliste des différences effectives. En d’autres termes, pour aller vers l’Europe les ressortissants des Balkans devraient commencer par prêter davantage d’attention les uns aux autres, mieux se connaître et s’accepter, prendre conscience de ce qui les unit, se présenter tels qu’ils sont et qu’ils ont envie de devenir, en abandonnant la posture de « parfaits Européens » incompris parce que membres de telle ou telle nation injustement ignorée.  La tâche n’est pas facile tant les exceptionnalismes irréductibles cultivés par les nations, grandes et petites, sont solidement enracinés dans cette région de l’Europe. Certains s’y sont attelés et c’est de la multiplication des initiatives en tout genre en apparence modeste et de l’intelligence et de la persévérance de ceux qui les entreprennent plutôt que des actions décidées d’en haut mobilisant de gros moyens que dépendent les résultats.
    Nicolae Trifon

    NOTES
    1. Les liens de la Grèce de nos jours avec l’Antiquité apparaissent là où peu le soupçonneraient : la critique de la démocratie représentative au nom du précédent athénien d’un Cornelius Castoriadis a beaucoup marqué les activistes anarchistes et d’ultra-gauche qui étaient aux premiers rangs de la contestation ces dernières années.
    Les prises de position de l’historien Dimitri Kitsikis, ancien conseiller des présidents Constantin Caramanlis et Turgut Ozal, partisan dès les années 1960 d’une confédération gréco-turque, sont significatives de ce point de vue. En français, on peut consulter sa contribution à l’Encyclopaedia Universalis  « De la Grèce byzantine à la Grèce contemporaine », (volume VII, Paris, 1970) et son étude « Les anciens calendaristes depuis 1923 et la montée de l'intégrisme en Grèce » dans Cahiers d'études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien (n° 17, Paris,1994).
      2. Dans cette perspective, voir notamment les travaux du géographe Georges Prévélakis dont la Géopolitique de la Grèce a été rééditée en 2006.
     Dans un premier temps, j’étais intrigué par le peu d’intérêt manifesté par mes interlocuteurs turcs de sensibilité plutôt d’extrême gauche pour le débat sur l’appartenance de la Turquie à l’Europe qui enflammait les esprits il y a quelques années. Ils préféraient s’en tenir à la dénonciation des abus en tout genre commis par les dirigeants de leur pays, ardents défenseurs de l’adhésion à l’Europe par ailleurs. Sans doute, invoquer la Thrace pour démontrer l’appartenance de la Turquie à l’Europe c’était un argument un peu court, et certains se sont empressés de le faire remarquer pour des raisons sans rapport direct avec la géographie. En revanche, aucune voix ne s’est fait entendre dans le débat public pour rappeler à ceux qui présentaient la Géorgie ou l’Arménie comme bastions de la civilisation européenne que l’Europe géographique s’arrête au Grand Caucase et que par conséquence ces deux pays n’en font pas partie.

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