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    Eseuri: Constantin Telegat. M A R X T O U J O U R S
    Scris la Friday, April 03 @ 23:23:48 CEST de catre asymetria
    Lecturi critice
    Il cause toujours, le cher Karl. Pendant la plus grande partie du XXe siècle il l’a fait, avec le succès que l’on connaît ou l’on ignore, selon le cas, en héros d’un carnaval presque ininterrompu où la plupart des participants portaient des masques de cadavres. La chute du communisme semblait avoir mis un terme à ce caquetage indécent. Erreur ! Après un deuil fallacieux, bien amorti par le besoin de paix communautaire, on a vite compris que les millions des victimes de la doctrine devaient rester cois dans leurs tombes sibériennes. Le progrès ne peut pas se passer de Marx. Et nous, nous ne pouvons pas nous passer du progrès. Le carnaval reprend donc son rythme de croisière et Marx son caquetage, fût-ce par thuriféraires interposés. Ceux-ci s’agitent avec entrain, même si la teneur de l’encens a quelque peu changé. Marx continue donc de causer. Dans les rayons de philosophie des grandes librairies, ses œuvres et celles de ces interprètes attitrés occupent le dessus du panier. Mieux : des nouvelles maisons d’édition surgies, comme par miracle de l’avenir lumineux, toujours à construire, semblent avoir assumé la tâche vitale de promouvoir l’œuvre du grand maître : Asymétrie, Algèbre, Sylepse, Mimésis… Leur titre est suffisamment évocateur pour attirer le chaland. Il ne manque pas à l’appel. Il faut dire que les médias aussi bien publics que privés l’encouragent vaillamment à suivre la bonne voie. Dans le dernier numéro hors série Les grands philosophes du Monde, dédié à Marx et à sa révolution anticapitaliste, l’éloge du grand philosophe frise le dithyrambe et ce n’est qu’un exemple parmi maints autres. Le champion toutes catégories de l’affaire demeure France culture avec son émission de philosophie où le moindre propos anti-marxiste est tabou. Aucun collaborateur ou invité n’ose le transgresser. Par contre, les pros sont légion. Début mars, notre radio organise à la Sorbonne un grand colloque sur la lutte des classes où l’on peut parier que le carnaval Marx reprendra du poil de la bête. S’il en avait besoin. Mais, ce n’est pas le cas. Dans notre ambiance diaphane du XXIe siècle, Marx vole avec aisance grâce à ses ailes de dinosaure immortel. Penser que certains de nos contemporains, évidemment bien attardés, le voyaient en fossile…

    Constantin Telegat


    Constantin Telegat. M A R X  T O U J O U R S

    Poser la question du pourquoi est déjà inconvenant. Si en prenant notre courage à deux mains, nous osons le faire, c’est que dans notre insignifiance nous redoutons modérément les foudres d’une opinion qu’on a persuadé, pendant plus d’un siècle, de la génialité d’une doctrine qui vise à transformer l’homme et le monde. Jusqu’à présent elle a raté son coup. Il faut donc persévérer. Il serait inutile de présenter, même succinctement, cette doctrine considérée, par tous les hommes de bien, magistrale. Elle est archiconnue. Elle est philosophique, économique, historique politique, polémique, anthropologique et j’en passe… Nous nous limiterons donc à aborder avec des pincettes, comme il se doit lorsqu’on le fait à contre-courant, certains de ses aspects politiques et historiques a seule fin d’expliquer sa survivance, voire sa résilience dans des temps qui semblent a priori peu propices à son accomplissement. Citons, pour commencer, le Maître : Nous ne connaissons pas d’autre science que celle de l’Histoire, déclare d’entrée de jeu le Manifeste communiste. Déclaration péremptoire et un peu exagérée » au milieu d’un siècle qui se veut celui des sciences. Le matérialisme dialectique, dit-on, remet sur pied la dialectique hégélienne qui marchait sur la tête. La philosophie allemande traditionnelle, en grande partie idéaliste, est passée de mode. Marx se considère homme de science et il est persuadé d’avoir découvert les lois censées non seulement expliquer l’histoire mais aussi transformer le monde. L’histoire l’intéresse davantage que la philosophie. Celle-ci n’est qu’un instrument qui doit servir à accomplir la première. Un outil philosophique nécessaire pour déconstruire la réalité. La formule : les philosophes du passé se sont contentés d’interpréter le monde, maintenant il s’agit de le transformer, concrétise cette présomption. La postérité la célébrera comme le mantra magique que les adeptes de la secte répéteront avec aplomb pendant plus d’un siècle et que les tortionnaires du Goulag administreront aux Zeks, en guise de communion, jusqu’à leur lit de mort. La lettre à Weydemeyer précise encore davantage le contenu et les buts de cette science sui generis. Elle synthétise l’essence du marxisme et constitue en une excellente définition : Ce n’est pas moi qui a découvert l’existence des classes, dit Marx. Ce que j’ai apporté de nouveau c’est de montrer que l’existence des classes n’est liée qu’à des phases historiques déterminées du développement de la production… qu’elle mène nécessairement à la dictature du prolétariat et que cette dictature, elle-même ne représente qu’une transition vers la société sans classes. Cette lettre, antérieure à la rédaction du Das Kapital, exprime la finalité de son oeuvre maîtresse : la mise à mort du capitalisme, la destruction d’une société injuste, fondée sur l’exploitation du prolétaire et l’avènement d’une autre. Car la vision de Marx, à part son caractère utopiste, est à la fois de nature théologique et téléologique. Marx fonde une nouvelle religion et vise un avenir inscrit dans la science de l’histoire. L’homme n’est pas la créature de Dieu, c’est Dieu qui a été fabriqué par les hommes pour consoler ceux d’entre eux que les nantis enfonçaient dans la misère. La religion est l’opium du peuple. Marx propose l’en sevrer et lui en offrir une nouvelle qui lui fera connaître un paradis réel sur la terre. Pour y arriver, il suffit d’agir conformément à ce qu’on appellera plus tard la doctrine marxiste, une théorie philosophico-politique qui préconise et justifie la transformation de la société capitaliste. La lettre à Weydemeyer concentre l’essentiel de la pensée de Marx : il y a deux positions dans toute société historique : les exploités et les exploiteurs. La lutte entre eux rythme l’évolution des modes de production : esclavagiste, féodale, capitaliste. Elle prendra fin avec la victoire inéluctable, car inscrite dans les lois de l’Histoire, des exploités. L’analyse économique du mode de production capitaliste (souvent pertinente puisqu’elle concerne l’époque d’un capitalisme encore archaïque donc forcément injuste) est l’armature idéologique qui sert à démontrer l’inéluctabilité de cette fin. Travail, surtravail, plus-value, aliénation, valeur d’usage, valeur d’échange etc, etc. sont les arguments qui prouvent que ce mode de production est voué à l’autodestruction et à la disparition. Certes, le processus aura besoin d’un coup de main : la Révolution. Une nouvelle société prendra naissance où la dictature du prolétariat remplacera la dictature du capital. Évidemment, toute dictature implique violence, mais celle-ci ne peut être que bénéfique ; elle sera accoucheuse de l’histoire… Marx n’a pas eu la chance d’assister à l’accouchement. Lénine, son émule le plus efficace, a eu la charge du forceps et s’est appliqué, en accoucheur avisé et avec l’aide d’une équipe de choc, à massacrer l’accouchée. Mais qu’importe, puisque le bébé a survécu aux aléas de l’histoire pendant plus de soixante-dix ans et il s’est amusé, en outre, à engendrer une nombreuse progéniture. Plus étonnant encore, il continue de procréer, même après sa mort accidentelle, comme nous le verrons plus loin. Car le marxisme est immortel. Obligé, dans sa prime enfance, de renoncer au lait maternel, le têtard a été abondamment nourri d’un ersatz plus calorique appelé Marxisme-léninisme : adaptation du marxisme à la Russie, pays insuffisamment développé pour appliquer dans son intégralité la théorie du maître. La dialectique matérialiste et la praxis révolutionnaire ont donc été enrichies d’éléments nécessaires à la victoire. La révolution prolétaire marxiste est devenue la révolution prolétaire et paysanne marxiste-léniniste, au grand dam de marxistes orthodoxes qui ont souvent terminé leur carrière avec une balle dans la nuque. Pour donner au terme le poids qu’il mérite, ajoutons que le Marxisme-léninisme est une création de Staline dont l’intérêt pour la linguistique est bien connu. Son essence demeure cependant la dictature du prolétariat qui est parfaitement définie par Lénine : un pouvoir conquis par la violence que le prolétariat exerce par l’intermédiaire du Parti et qui n’est lié par aucune loi… quant à la bourgeoisie, qui soit dit en passant a été à l’origine de la révolution russe, Lénine ajoutera qu’il faut briser sa résistance par la force… là où il y a répression, il y a violence, il n’y a pas de liberté, il n’y a pas de démocratie. Précisons que la contribution capitale que Lénine apportera à la doctrine c’est l’introduction du Parti dans l’équation révolutionnaire en tant qu' intermédiaire… autrement dit comme exécuteur des hautes œuvres. Que celui-ci aura délégué la tâche concrète d’extermination à un prestigieux organisme portant successivement le nom de Tcheka, GPU, NKVD ou KGB n’est dans le fond qu’un détail de l’histoire. Avec quelques dizaines de millions de morts à la clef… Plusieurs marxistes historiques en rupture de fiançailles avec le Marxisme-léninisme, Trotski, Rosa Luxembourg, Boris Souvarine et Léon Blum, entre autres, ont considéré que l’utilisation de Lénine et Staline du concept de dictature du prolétariat constituait une trahison de Marx. Selon certains de ses commentateurs, en utilisant le terme de dictature, Marx aurait pensé à une institution romaine portant le même nom, où en situation délicate et pour une période limitée, le Sénat accordait un pouvoir discrétionnaire à une personnalité politique susceptible de résoudre la crise. Rien, dans les écrits de Marx ne permet une telle interprétation. Au contraire. Un de rares textes où Marx parle explicitement de la dictature du prolétariat se réfère à la Commune de Paris, selon lui prototype de la Révolution prolétaire. Il parle de la nécessité de constituer une armée prolétaire, condition première de la dictature du prolétariat pour que celui-ci puisse imposer sa volonté au moyen de fusils, de baïonnettes et des canons… et continuer à donner avec la terreur que ses armes inspirent aux réactionnaires. D’autre part, c’est sans doute pour le compromettre que le portrait de Marx, ensemble avec ceux des trois autres coryphées du socialisme victorieux, figurait à la place d’honneur dans les milliers de camps de concentration qui ont égayé le paysage de la grande Union Soviétique pendant plusieurs décennies. Sa barbe éminemment symbolique a dû alléger pas mal de souffrances… Enfin, nous regrettons que ce bref - et pour certains possiblement partial- exposé du marxisme auquel nous nous sommes livré ci-dessus, nous a éloigné de notre propos qui était l’actualité de la doctrine, plus précisément ses formes spécieuses mais réelles qui expliquent la place qu’elle occupe de nos jours, à bon ou mauvais escient, dans l’opinion publique. Il nous a semblé malgré tout indispensable à la compréhension de ce qui suit… Avant d’y arriver, il convient de parler d’un des interprètes importants du Marxisme-léninisme : Antonio Gramsci. Fondateur avec Togliatti du Parti Communiste Italien en 1921, représentant de ce Parti à Moscou à la IIIe Internationale, puis rentré en Italie, arrêté et mis en prison pendant une dizaine d’années par le régime fasciste. Gramsci y écrit ses Cahiers de prison qui constituent, selon ses nombreux fans, un sommet de la tradition marxiste et de la pensée politique du XXe siècle. Il y expose sa conception du Marxisme-léninisme. Elle est paradoxale ; on pourrait la qualifier même de dissidente. Tout en exaltant le marxisme, il réfute le matérialisme philosophique qui ne serait qu’une forme grossière du marxisme. Dans la patrie du communisme il aurait fini dans le Goulag pour moins que ça. Il a la chance de vivre en Italie où il est chef du PCI. Certains de ses adeptes le considèrent un Machiavel moderne dont le Prince serait le Parti communiste. Dans sa mythologie politique le centaure représenterait la nature bifide du pouvoir ; il incarnerait la force et le consentement. C’est tout dire. La force est là, indispensable, mais la ruse machiavelienne prend une forme plus subtile, celle de la persuasion. La clef de voûte du système gramscien est le concept d’hégémonie, terme qu’il reprend chez Lénine, mais en lui donnant un sens particulier. Gramsci considère que la bourgeoisie domine la société par son hégémonie culturelle. Pour que la Révolution s’accomplisse et que le prolétariat puisse prendre le pouvoir il faut renverser la vapeur : détruire le sens commun produit par la bourgeoisie et le remplacer par un autre, expression des idées et des intérêts de la classe ouvrière. Gramsci fait la distinction - aujourd’hui classique - entre société politique et société civile. Le but de la lutte est de conquérir cette dernière. Il faut donc pénétrer les médias, les maisons d’édition, les organisations de masse, les institutions éducatives, les associations, augmenter la conscience de classe des opprimés, bref jouer les bernard-l’hermite, s’installer dans la coquille bourgeoise et en détruire l’occupant. L’outil de cette opération est l’intellectuel organique. Il doit s’engager aux côtés de la classe ouvrière, assumer ses aspirations et ses intérêts et combattre idéologiquement pour assurer son hégémonie. La victoire idéologique qui en découlerait, la seule en mesure d’aboutir au succès final, peut et même doit avoir lieu avant la conquête du pouvoir politique. Gramsci oppose la guerre de mouvement, synonyme pour lui de la prise du pouvoir par la violence, à la guerre des tranchées, la guerre où les positions des combattants idéologiques avancent constamment jusqu’à l’anéantissement de l’ennemi. Cette théorie qu’on pourrait appeler marxisme culturel, qui a mis du temps à s’imposer et que le Parti a regardé au début avec une certaine méfiance, a fini par donner des résultats inespérés. Si le XIXe siècle a été le siècle de l’hégémonie culturelle bourgeoise, au siècle suivant la donne a incontestablement changé. À la suite de la révolution d’Octobre et dans la foulée des partis communistes fondés en Europe et en d’Asie, sous couvert d’un progressisme immanent, des forces culturelles marxistes se sont imposées un peu partout dans le monde. L’exemple le plus éloquent est celui de la France. La manière dont le marxisme culturel (qui ne portait pas ce nom et du reste ne le portera jamais) y a conquis le terrain exigerait des gros volumes d’exégèse. Pour éclairer notre propos quelques repères suffiront, néanmoins. Dès 1920, le pouvoir soviétique impose une stratégie d’uniformisation des politiques culturelles des partis communistes. Elle ne variera pas. Le Komintern manie le gouvernail et le PCF en est le fer de lance. Il y a d’abord les écrivains membres, menés par Aragon et Eluard. Mais, évidemment cela ne suffit pas. La période d’entre-guerre connaît une efflorescence d’intellectuels organiques. De même que les hommes selon Marx, ils s’appliquent à forger une histoire sans savoir l’histoire qu’ils font. Ce sont les idiots utiles de Lénine qui revêtiront l’uniforme de compagnons de route et dont la voie, deviendra vite boulevard. Le mouvement pacifiste Amsterdam Pleyel, piloté par H. Barbusse et R. Roland inaugure le processus. Les forces progressistes œuvrent d’abord dans un clair-obscur favorable. Puis, 1935 est l’année charnière. C’est aussi l’année du pacte franco-soviétique. Après le Congrès des écrivains pour la défense de la culture de la Mutualité en mai où, à condition de s’abstenir de critiquer l’URSS, participe la fine fleur de la littérature mondiale, en juin a lieu à Moscou le Congrès des écrivains soviétiques dont les vedettes sont les trois André : Gide, Malraux et Breton, bien accompagnés par, entre pas mal d’autres, Louis Aragon et Georges Duhamel. Le Holomodor saigne encore, les purges commencent, à Lubianka situé à proximité de l’endroit où se déroule le Congrès, on administre quotidiennement la potion stalinienne sous la forme d’une balle dans la tête à des centaines d’opposants. Une bonne partie du scénario était connue par nos héros. Qu’importe. Il faut à tout prix épargner le soldat anti-fasciste… Si en Europe, et même en France, des voix discordantes se sont encore fait entendre après la guerre, le tournant est radical. Sartre mène le jeu avec une incontournable maîtrise. Certains envieux du même bord l’accusent d’avoir été un embusqué, et pour se racheter il se doit d’être impitoyable. Ses formules font mouche, séduisent les habitués de Flore, bistrot converti en centre de la civilisation mondiale et s’érigent en consigne impérative. Les anticommunistes sont des chiens. Il faut donc les anéantir. Staline costumé en généralissime règne impunément sur l’Olympe communiste, car il est interdit de parler de ses crimes pour ne pas désespérer Billancourt. Ceux qui ne se soumettent pas sont des fascistes. On leur prépare la corde… Elle est certes plutôt symbolique mais extrêmement efficace. Pendant la nuit vous pouvez devenir une non-personne. Et, personne ou presque ne bouge dans les rangs. Ceux qui osent sont rarissimes. Camus paie cher son insoumission. Les Hussards essaient de faire bande à part, mais sont obligés de se retirer dans les coulisses. Gramsci n’a pas encore tout à fait la cote mais son intellectuel organique est à l’œuvre. Il est forcément rouge car celui qui essaie d’adopter une autre nuance, fût-elle rose, risque d’en voir de toutes les couleurs. La lâcheté s’installe à demeure dans la maison France. Mais aussi ailleurs. Puis, patatras, Khrouchtchev se met à faire des siennes, les Soviétiques s’amusent à administrer une leçon de respectabilité aux Hongrois, puis un peu plus tard mettent au point une expédition extraterrestre pour ramener à la raison un satellite qui faisait semblant d’ignorer où était le soleil. Quelques intellectuels organiques en sont épouvantés. Que faire ? Lénine se posait déjà la question. Quitter le Parti, dans la douleur oui, mais tout en gardant un pied dedans c’est-à-dire rester marxiste. Le navire prend l’eau, mais on déniche dans la cale les pompes socialistes et la croisière continue… Le coup de Trafalgar arrive par surprise. Qui pouvait imaginer qu’un mur qui paraissait d’une solidité à toute épreuve s’écroule dans l’espace d’une nuit ? Le socialisme, Marx et tout le bataclan sont propulsés au fond de la piscine. Nos intellectuels organiques se retrouvent au chômage. Il faut leur trouver un objet de travail. Mais lequel ? Les plus débrouillards s’ingénient à extraire de l’eau les victimes de la catastrophe que les communs des mortels considéraient irrémédiablement condamnées. Experts en respiration artificielle, ils réussissent l’impossible. Et contre toute attente le sauvetage réussit. Seulement la verdeur des sauvés est bien ternie. Ce ne sera pas facile de leur donner de l’allant. Et par-dessus le marché, la sociologie marxiste, leur science de prédilection leur a joué un mauvais tour. Le prolétariat, la cheville ouvrière de la Révolution à laquelle l’on n’a jamais cessé d’aspirer, a presque totalement disparu dans le décor et ce qu’il en reste a viré sa cuti. L’être de l’intellectuel organique est mis à l’épreuve. Question hamlétienne, car il a besoin du marxisme pour survivre. Afin de sortir de l’impasse, il faut le remettre à flot. Du point de vue théorique, la solution à trouver aura besoin d’un certain temps pour gagner la partie sur un terrain moins propice, tout en changeant d’aiguillage. On procède d’abord, à une gracieuse conversion linguistique. Pour hisser la doctrine à un degré supérieur de science, les marxistes deviennent marxiens. Et, ensuite, pour continuer la lutte, après pas mal d’hésitations légitimes et de vagues problèmes de conscience, on confectionne patiemment un succédané convenable du prolétariat manquant. Ce seront les minorités de tout acabit et notamment les immigrés. Elles ont été réprimées pendant des siècles et ont le droit de prendre leur revanche, peut-être même davantage que le prolétariat classique de date plus récente… L’affaire a été préparée de longue main. Le trio de déconstructivistes brevetés : Derrida, Bourdieu et Foucault, marxiens de haut vol, se sont échinés à paver la voie, et leur prestige a traversé l’océan en acquérant outre Atlantique un prestige inégalé. La French theory devient l’abc des universités américaines les plus prestigieuses. Elle retraverse l’océan et s’installe de préférence en France où elle a été conçue et a connu les douleurs d’un accouchement laborieux. Le mot d’ordre est celui de tout déconstruire partout dans le monde : famille, sexe, patrie, mœurs, école, sciences etc... etc. Surtout dans un Occident dont la culpabilité colonialiste, anti marxiste anti… anti… parfois pro… peu importe, n’a pas encore été expiée. On doit rattraper la rancune millénaire des opprimés, greffée sur un masochisme atavique des oppresseurs. Dans la foulée, au fil des années qui suivront, une pléthore d’associations, d’organisations et évidemment d’institutions d’Etat, ont casé sur le feu de la modernité un pot-pourri, en y mélangeant famille, sexe, patrie, etc... etc... pour obtenir cette potion magique qu’on peut appeler selon le souhait du militant humaniste : post-marxisme, post… post-tout, mais qui est dans le fond le marxisme culturel qui va tout résoudre en sécrétant enfin, la société nouvelle et l’homme nouveau ; accomplir le travail prolétaire que le marxisme classique a été empêché par les fascistes de tout poil de mener à bon terme. On parle peu de Gramsci (France culture lui a pourtant consacré en février dernier toute une semaine d’émissions excitantes), mais son projet d’hégémonie culturelle, grâce à l’emprise sur la vie intellectuelle, l’opinion publique et les médias est en pratique achevée. D’ailleurs, il précise qu’au besoin, on pourra utiliser la violence, par la suite, pour s’emparer du reliquat du pouvoir politique, s’il en reste. Les minorités sont à l’œuvre. C’est peu dire qu’elles s’ingénient à occuper toute la place. Elles expulsent manu militari du genre humain le moindre intrus qui se permet de briser les tabous qu’elles ont imposés à des nigauds au cerveau soigneusement lessivé. Elles osent tout, dominent tout, écrasent tout, dans une espèce de marche triomphale devant des badauds admiratifs, parqués sur le parvis et qui ignorent en être victimes. Elles ne se réclament pas forcément du marxisme, mais le marxisme les a inspirées, leur a prêté sa méthode dialectique et permis de conquérir la culture. Il leur fournit le principe de l’action, elles lui rendent la monnaie en exaltant ses mérites. Elles construisent l’avenir en déconstruisant tout ce qui bouge alentour. L’intellectuel organique est plus que jamais sur le front, chargé de faire exploser les tranchées d’un ennemi cachectique. Si celui d’après guerre acceptait vaille que vaille la contradiction de son adversaire, le nouvel intellectuel organique n’est nullement disposé à faire des cadeaux. Si son contradicteur a besoin de parler, qu’il aille prêcher en enfer. On le nourrira de bonnes intentions. Ce serait oiseux de répertorier les détails phénoménologiques post-marxiens d’un Occident mondialisé qui cherche sa boussole. Les intellectuels organiques, dont le nombre augmente chaque jour, s’en chargent et nous les écoutons émerveillés sur nos divers dispositifs qui augmentent presque dans les mêmes proportions… Remarquons toutefois, pour être à jour, que le féminisme occupe - on ne sait pas pour combien de temps - le sommet des pavés. Personne ou presque n’ose les arracher pour en faire une barricade. On préfère cheminer humblement en-dessous. L’enfer ne tente pas beaucoup le peu d’intellectuels non-organiques qui subsiste. Ce phénomène contemporain me fait penser à un grand savant soviétique, Lysenko, fêté en son temps par le PCF et la France. Défiant la science bourgeoise, il prétendait appliquer la dialectique marxiste aux fruits et aux plantes. Faire pousser des fraises au pôle Nord. Cet écocommunisme a donné d’excellents résultats. De nos jours, grâce au progrès, le féminisme ne se contente pas d’affronter les lois de la procréation biologique, expression de la domination patriarcale, il établit un lien dialectique entre l’oppression de la femme et de la nature par le mâle. Puisque la femme est l'avenir de l'homme, l’éconféminisme préconise même de prolonger le MLF en MLA (mouvement de libération animale).

    Constantin Telegat
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