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    Sinteze: Ioana Macrea-Toma. La censure institutionnalisée et incorporée.
    Scris la Thursday, February 08 @ 01:15:05 CET de catre asymetria
    Lecturi critice Épurations de textes, sélections arbitraires de livres, manipulations de fonds des bibliothèques, interdictions de publier imposées aux auteurs indésirables, allocations préférentielles du papier, manœuvres politiques diverses visant le personnel travaillant dans les institutions culturelles, index fluctuant des mots, topiques ou noms, stratégies d’enrégimentement ou de neutralisations des parties hostiles, surveillance soutenue des écrivains, boycottage des réunions littéraires, terreur diffuse et absence concertée des directives claires représentent seulement quelques facettes d’un phénomène dont les limites semblent impossibles à établir: la censure sous un régime communiste. Son envergure est directement proportionnelle aux tentatives des initiateurs d’un système censé transformer radicalement la structure d’une société pour mettre en œuvre la doctrine et la pratique bolcheviques.




    La censure institutionnalisée et incorporée.
    Le régime des publications dans la Roumanie communiste

    Épurations de textes, sélections arbitraires de livres, manipulations de fonds des bibliothèques, interdictions de publier imposées aux auteurs indésirables, allocations préférentielles du papier, manœuvres politiques diverses visant le personnel travaillant dans les institutions culturelles, index fluctuant des mots, topiques ou noms, stratégies d’enrégimentement ou de neutralisations des parties hostiles, surveillance soutenue des écrivains, boycottage des réunions littéraires, terreur diffuse et absence concertée des directives claires représentent seulement quelques facettes d’un phénomène dont les limites semblent impossibles à établir: la censure sous un régime communiste. Son envergure est directement proportionnelle aux tentatives des initiateurs d’un système censé transformer radicalement la structure d’une société pour mettre en œuvre la doctrine et la pratique bolcheviques. Accepter que la subversion politique présuppose une subversion cognitive, une conversion de la vision du monde et que, de ce point de vue, la théorie marxiste « a exercé un effet de théorie sans équivalent dans l’histoire » par l’ajustement des pratiques institutionnalisées aux discours scientifiques, nous aide à mieux comprendre l’ampleur indéfinie du contrôle des informations et de la communication dans les pays socialistes. Les virtualités impératives de la doctrine marxiste-léniniste corroborées et ensuite corrompues par la volonté militariste et monopolisatrice des staliniens bureaucrates rendent la violence symbolique (sur les productions culturelles) toute-puissante et plus efficace encore que l’agression physique.
    La censure, définie par certains sociologues comme toute intervention d’une autorité gouvernementale destinée à empêcher ou à limiter la diffusion des livres ou des périodiques ou, plus largement, comme phénomène qui intervient entre les différents producteurs des discours pour régler un champ conflictuel de relations symboliques, fait partie, dans les régimes communistes, du champ de la production idéologique qui légifère la constitution d’une réalité unique et adéquate au dogme du Parti. La suppression des visions alternatives, ainsi que la stimulation des créations « sur ligne » appartiennent, en principe, au programme de modelage de « l’homme nouveau » et, implicitement, à la pédagogie correctionnelle promue par les nouveaux apparatchiks.
    À cause de l’idéologie téléologique entretenue par une couche politico-administrative intéressée toujours de transgresser le présent et la légalité pour conserver ses positions en se forgeant un milieu d’action docile par la politisation des formes participatives et l’uniformisation de la société civile, on ne saurait pas circonscrire la censure aux actions de « découpage » ou d’interdiction. Dans des conditions totalitaires où la logique autoreproductive double l’appareil répressif d’un appareil de propagande, la censure acquiert les dimensions d’un mécanisme restrictif et productif à la fois: elle filtre, oriente, sélectionne, convainc et encourage. Composante essentielle du travail de légitimation des dirigeants, elle intègre les paradoxes d’un système se prévalant d’une rationalité doctrinaire et pratiquant l’arbitraire. Rigureusement institutionnalisée, la surveillance des idées échoue dans une dégringolade qui transporte la lutte politique au sein du champ littéraire. On cerne ici une similitude avec le cas du champ littéraire français à l’heure de l’Occupation. En ce qui concerne la censure en temps de crise, Gisèle Sapiro souligne que « ce qui va circonscrire les enjeux, c’est moins la censure en soi, que l’usage que menacent d’en faire les écrivains les plus enclins à l’hétéronomie, pour réduire au silence des concurrents qu’il dénoncent haut et fort ».
    La situation des études concernant la censure en Roumanie témoigne de l’ambiguïté – y compris la complexité - du sujet. Des travaux de petites dimensions essayent pour le moment de prospecter les métamorphoses organisationnelles et idéologiques du phénomène, ou de présenter des documents officiels extraits des archives ou des périodiques législatifs. La prudence des approches dérive de la nature obscure, illimitée, omniprésente et encore « cachée » du domaine. En dehors de son histoire figée dans les textes émanant du pouvoir, il en reste une riche histoire orale ou écrite, mais codifiée (les dossiers d’archive), à dévoiler et à comparer avec la situation des intellectuels d’avant 1989. À ce propos, notre entreprise vise à situer la censure dans le contexte socio-politique de l’époque et à comprendre ses avatars en fonction de la relation entre le champ politique et le champ culturel. La constitution de la République Populaire Roumaine en avril 1948 est immédiatement suivie par l’institutionnalisation de la littérature et de la censure. La « stimulation » d’une activité littéraire orientée exige simultanément la cooptation des énergies créatrices dans un organisme unique (plus facilement à contrôler) et la mise en marche d’un système d’évaluation continue. Issue en 1949, en même temps que l’Union des Écrivains, l’institution qui doit contrôler toute production culturelle, la Direction Générale de la Presse et des Impressions (D.G.P.T. en roumain) est directement subordonnée au Conseil des Ministres, ce qui indique son importance stratégique (elle appartenait, au début, au Ministère des Arts). Son efficacité est assurée par l’existence d’une longue tradition des techniques de filtrage et de manipulation, ainsi que par la forte volonté des politiciens communistes de neutraliser les hiérarchies existantes et, par consequent, leur cortège de représentations. Avant même la constitution de la D.G.P.T., entre , l’État met hors circulation presque 9000 ouvrages dont les auteurs sont nominalisés comme interdits. Les textes concernant l’histoire et la géographie roumaine du temps de la monarchie sont également proscrits, signe d’une tentative mythologisante à grande échelle de rompre avec le passé et – surtout - avec la réalité. Le caractère pervers de la manipulation des textes découle du radicalisme et de l’inconstance de l’entreprise de l’épuration. Les listes de titres et de noms élaborées par la D.G.P.T. (et après 1977 par le Conseil de la Culture et de l’Éducation Socialiste) changent en fonction des besoins légitimants du régime. À l’heure de la déstalinisation des années 60 (proclamée et jamais réalisée) et de la valorisation de l’héritage national, les auteurs en vogue pendant les années 50 sont mis à l’index, tandis que les stigmatisés sont cooptés et propulsés vers les tribunes dissimulées de la propagande externe et interne. La formation et la mise en application de telles nomenclatures changeantes mobilisent une vaste infrastructure qui s’étend des lecteurs-censeurs de la D.G.P.T. jusqu’aux spécialistes du Ministère de l’Enseignement et de la Culture travaillant au service de la Direction des Bibliothèques, au Fond d’Etat du Livre ou au Dépôt de l’Office du Papier (le lieu de cassation). La réserve nationale des livres est continûment triée par la commission idéologique de la Bibliothèque Centrale d’État, qui a une fonction exécutive et sécurisante. Un rôle essentiel dans la sauvegarde et la préservation des informations est joué par les Archives d’État, qui reçoivent les fonds secrets.
    La base légale de cette entreprise de déguisement national est assurée par l’impératif de la « défense des secrets d’État ». La doctrine belligérante du Parti subvient aux actions guerrières déployées à l’intérieur du pays contre les mots et les hommes. En la responsabilité de la D.G.P.T. s’augmente par l’implication du Ministère de l’Intérieur et le Ministère des Forces Armées et par l’élargissement de son domaine de contrôle (aux revues, journaux, livres, brochures on ajoute les émissions radio, les productions cinématographiques et tous les matériaux exposés). À long terme, toutes ces dispositions induisent des tendances « neutralisantes » non seulement de la part de ceux qui contrôlent, mais aussi de la part de ceux qui produisent des textes. L’abstraction sera l’apanage d’un message publiable. Le processus d’euphémisation touche la société entière jusqu’à la politisation et la condamnation des mots quotidiens. «Faire la queue », « viol », « dénonciateur », « viande », « froid », « tyrannie », « café », « suicide », « seins », « Dieu », « homosexuel », « informatique », « robotique », « indépendance », « engrais », « nain », « faim », « mort » etc. deviennent, dans les années 80, des signes subversifs grâce à leurs connotations percutantes. Les visions sombres, à composante tragique ou contestataire, constituent des raisons suffisantes pour le harcèlement des romans entiers. Les thèmes fortement politisés ne sont pas les seuls à souffrir du blocage de la censure. Des volumes érotiques, historiques ou religieux ont part du même destin. Même si ces topiques restent des territoires considérés tabou, les vrais destinataires des épurations sont toujours les auteurs enchaînés dans les arcanes d’un jeu aux règles fixées par le centre. Appris par coeur et bien incorporé, le jeu continue même après la dissolution officielle de la censure en 1977. La frontière entre les censeurs et les écrivains se révèle être assez floue et perméable dans les conditions d’une surpolitisation de la vie intellectuelle et d’une société dépendante d’un système distributif entré en crise.
    Quelles sont donc les instances et les circonstances qui poussent les limites de la D.G.P.T et renvoient à la dérision les index de toutes sortes? Tout d’abord, il faut mentionner que les actions de la Direction de la Presse sont brouillées, renforcées ou dictées par d’autres organes situés au centre de la vie politique et qu’elle-même (en collaboration avec d’autres services) a des attributions de filtrer la production culturelle avant sa parution. Obligée principalement d’autoriser toute publication, la D.G.P.T. donne également son avis sur l’importation et l’exportation des matériaux divers et organise des cours et des écoles pour l’instruction du personnel activant dans le champ culturel. La logique autoreproductive entre en résonance avec la subordination non-écrite au Comité Central du Parti avec ses multiples directions de coordination: la Direction de la Propagande et de la Culture (qui compte la Section de l’Agitation et Propagande) et la Direction de la Presse. On n’oublie pas la tête suprême de la censure, Nicolae Ceauºescu, qui, au fur et à mesure de l’évolution de sa dictature paroxystique, parvient à s’impliquer et à censurer non seulement les livres et les films problématiques, mais aussi les textes des lois. Cette dimension propagandiste de la censure la rend inséparable des stratégies de mobilisation de toutes les fractions de la société. L’Union des Écrivains (avec son organe financier qui lui assure une relative autonomie), l’École de Littérature „Mihai Eminescu” ) pour les jeunes auteurs, les revues littéraires, les écoles de parti, les cours de „recyclage” auxquels les rédacteurs sont obligés de venir périodiquement, les divers fronts „démocratiques” organisés autour des événements importants rassemblent les agents culturels afin de les endoctriner et les guider dans une direction unique. Cette importance croissante accordée aux arts surtout après la désoviétisation (et la consolidation du national-communisme) permet aux intellectuels de s’insérer dans le champ du pouvoir et d’avoir un statut central malgré la subordination de leurs produits artistiques. La manipulation des écrivains tient compte de leurs ressentiments, prétentions professionnelles, désirs d’affirmation. Le jeu subtile entamé lors de la courte libéralisation du régime de Ceauºescu ) et préfiguré déjà au début des années 60 sous Gh. Gheorghiu-Dej, fait que dans le cas d’un champ littéraire sous-développé les contraintes peuvent se déguiser en droits et libertés dans les conditions d’une multiplication des possibilités de publication.
    La décentralisation du système éditorial, la croissance des nombres de postes dans les revues littéraires, les revenus sûrs et le temps libre offrent aux agents culturels la possibilité de se manifester dans le périmètre de l’art sans se poser la question de s’organiser dans un front réel de combat civique. Pendant tout ce temps, le champ politique opère sous la même bannière de la « décentralisation » une dispersion insidieuse de ses instances de contrôle. La scission de la maison d’édition mammouth E.S.P.L.A. le 1er janvier 1961 en E.P.L. et E.L.U. entraîne la formation d’un nouvel ministère des arts (soustrait au Ministère de l’Enseignement et de la Culture) organisé selon la structure du Parti en tant qu’organisme central et régional, avec des filiales qui doublent au niveau étatique le réseau hiérarchique du Parti. La reforme administrative de 1968 multiplie tout cet ensemble et, implicitement, le nombre des postes dans les institutions culturelles. Les responsabilités de ce Comité d’État pour la Culture et l’Art s’entrecroisent avec celles de la D.G.P.T. dans leur mission commune définie dans les termes d’une « coordination de l’activité et de la production éditoriale ». Dans chaque ville, les revues sont ainsi « lues » (avant leur parution) au comité régional de la culture, au comité régional du parti (section propagande) et à la Direction de la Presse. La censure sur des épreuves ou des manuscrits se raffine encore plus en 1970 par l’institution d’une nouvelle forme de contrôle dévolu au même Comité: l’approbation des plans thématiques et annuels des maisons d’éditions. Puisqu’elle se charge de cette affaire, la Centrale du Livre (sous-direction du Comité), transformée en 1974, à l’instar des centrales industrielles, dans la Centrale Éditoriale, filtre la production culturelle et pratique une sorte de censure préventive qui consacre ou anéantit. Figurer dans les plans éditoriaux dès 1970 s’avère une démarche équivalente à obtenir l’autorisation de publier. L’avancement du territoire de la surveillance jusque dans la phase intime du projet littéraire n’épuise pas la perfidie du système. En 1970, un nombre important de jeunes sont cooptés dans la structure de la Centrale en vue d’un nouvel enrégimentement idéologique. Leur innocence est rapidement corrompue après les « thèses de juillet » de Ceauºescu et le rendurcissement du régime. Les mesures concernant les tirages des livres retirés des librairies et brûlés à cette date (1971) se servent des rapports négatifs élaborés par les employés de la Centrale (et décidés ailleurs, au Comité Central ou à la D.G.P.T.) pour dissimuler la vraie source des directives. La stratégie des rapports est durablement utilisée et consacrée comme moyen de faire passer les responsabilités d’un organisme à l’autre. En conclusion, les étapes qu’un livre doit parcourir sont les suivantes: l’auteur propose un livre à la maison d’édition, il attend que son projet entre dans un plan éditorial et donne le manuscrit aux rédacteurs qui écrivent des rapports favorables soulignant les valences patriotiques ou la neutralité du texte. Bien muni d’un compte-rendu, le manuscrit va à la Centrale Éditoriale où on lui fait un autre rapport. La destination finale et fatale est la D.G.P.T qui a le dernier mot et qui donne le fameux avis « bon pour l’impression ». Des fois, les rapports des livres dangereux sont réalisés par les conseillers personnels du ministre; une influence toute-puissante a Dumitru Popescu, secrétaire du Comité Central du P.C.R., architecte de la propagande sous Ceauºescu. Les comités de parti locaux peuvent aussi empêcher la publication du livre. Pour les numéros spéciaux et les livres à mise nationale, la Section de Propagande du Parti s’implique jusqu’à l’arrêt des tirages entiers.
    Le contrôle économique et idéologique se renforce en 1971 quand le Comité d’État pour la Culture et l’Art (organisme étatique) devient le Conseil de la Culture et de l’Éducation Socialiste, organisme à double appartenance, de parti et d’État. Il garde dans sa subordination la Centrale Éditoriale et les filiales départementales. Les salariés du Conseil reçoivent le nom d’« instructeurs » et règlent le fonctionnement de la culture par des manipulations du personnel, les séances de « guidage » et les interventions directes dans le contenu des manuscrits (ils suggèrent aux auteurs les changements nécessaires). Le plus important c’est qu’en 1974 (Loi de la Presse) ils partagent leurs responsabilités avec les victimes d’autrefois: les rédacteurs en chef et les agents locaux qui, à cause du blocage des positions dû au repli des élites bureaucratiques, assument le devoir de surveiller l’activité de leurs subordonnés. Par la suite, la suppression (institutionnelle) de la censure en 1977 ne semble pas ouvrir une nouvelle époque, mais accomplir un processus caractérisé principalement par l’autorégulation et l’autoreproduction. En 1975 déjà, la surveillance de la production culturelle se fait par les allocations discriminatoires du papier. Métaphoriquement, la mobilisation festivalière (dès 1977 le C.C.E.S. organise le grand spectacle de masse, « Le Chant de la Roumanie ») commence quand les règles sont incorporées et la démarcation officielle entre censeurs et écrivains disparaît. Les censeurs arrivent à se contrôler entre eux-mêmes dans une étape de « post-censure » aberrante et infinie jusqu’à l’intervention des membres du Comité Central chargés de la propagande.
    L’anomie générale créée par la redondance institutionnelle et le vide idéologique livre l’industrie littéraire aux luttes intestines et aux pratiques transactionnelles. Presque tous les écrivains peuvent évoquer des situations où ils ont été obligés de négocier la parution d’un texte ou d’un livre en présence d’un censeur intéressé plutôt à neutraliser le danger potentiel du message écrit que d’avoir des malentendues avec les supérieurs. La « neutralisation des cas » procède par une série de méthodes qui varient de l’ « influence positive » (à laquelle participent les agents de la Securitate) au changement du lieu de publication. Dans un milieu de complicité généralisée, la force des relations interpersonnelles l’emporte sur l’efficacité du réseau institutionnel, dévoilant les contradictions d’un système vulnérable et, en même temps, implacable. Si les écrivains entretiennent la vulgate anti-communiste selon laquelle la littérature a subi pendant le communisme un assujettissement idéologique total, les censeurs déplorent la confusion régnante dans les institutions qu’ils dirigent. Sur le fond de la crise économique, le monde littéraire éclate quand le contrôle (et les subventions) diminue. Lors d’une rencontre avec Ceauºescu en 1978, les représentants des écrivains déplorent l’aggravation de la situation financière de la littérature tout en l’associant à la disparition de la censure.
    Parler de la censure sous un régime communiste s’avère être non seulement une entreprise historique, mais aussi une démarche sociologique qui doit prendre en compte la relation étroite entre le comportement humain et la logique des institutions. Quand la suppression des mots remplace les purges physiques, les institutions fortement bureaucratisées subissent une métamorphose continue afin de dissimuler leur emprise croissante sous le couvert de la libéralisation. Attrapés dans le jeu symbolique de la manipulation par le biais de leur désir de se faire publier, les écrivains s’abandonnent à un dessein difficile et insoluble: bien écrire sous la censure et contre la censure.

    Ioana Macrea-Toma

    Bibliographie :
    Ouvrages théoriques et témoignages
    -Pierre Bourdieu, Langage et pouvoir symbolique, Préface de John B. Thomson, Paris, Editions Fayard, 2001
    -Marie Kuhlmann, Nelly Kuntzmann, Hélène Bellour, Censure et bibliothèques au XXe siècle, Préfaces par Martine Poulain et Jean Hébrard, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 1989
    -T. H. Rigby, Political Legitimacy, Weber and Communist Mono-organisational Systems, dans T.H. Rigby, Ferenc Feher, Political Legitimation in Communist States, Macmillian Press, 1982
    -Miklos Haraszti, L’Artiste d’État. De la censure en pays socialistes, Traduction du hongrois par George Kassai, Révisée par l’auteur et par Etienne Pereny, Paris, Éd. Fayard, 1983
    -Hélène Merlin-Kajman dans La Langue est-elle fasciste?, Paris, Éd. du Seuil, 2003
    -Gisèle Sapiro, La Guerre des écrivains, Paris, Éd. Fayard, 1999
    -Adrian Marino, Cenzura în România. Schiþã istoricã introductivã [La censure en Roumanie. Esquisse historique introductive], Craiova, Aius, 2000
    -Marian Petcu, Puterea ºi cultura. O istorie a cenzurii [Le Pouvoir et la culture. Une histoire de la censure], Introduction par Mihai Coman, Iaºi, Polirom, 1999
    -Paul Caravia, Gândirea interzisã. Scrieri cenzurate în România [La pensée interdite. Des écrits censurés en Roumanie ], Introduction par Virgil Cândea, Bucarest, Editura Enciclopedicã, 2000
    -Marin Radu Mocanu, Literatura românã ºi cenzura comunistã [La littérature roumaine et la censure communiste ], Bucarest, Albatros, 2003
    -Bogdan Ficeac, Cenzura comunistã ºi formarea omului nou [La Censure communiste et la formation de l’homme nouveau], Préface par Daniel Barbu, Postface par Petru Ignat, Bucarest, Nemira, 1999 -Marc Ferro, Des Soviets au communisme bureaucratique, Paris, Éd. Gallimard/ Julliard, 1980 -Ionuþ Cristea, István Király, Doru Radosav, Fond secret. Fondul „S” Special – Contribuþii la istoria fondurilor secrete de bibliotecã din România. Studiu de caz. Biblioteca Centralã Universitarã „Lucian Blaga”, [Fond secret. Le Fond « S » Spécial – Contributions à l’histoire des fonds secrets de bibliothèque de la Roumanie. Étude de cas. La Bibliothèque Centrale Universitaire « Lucian Blaga »], Cluj-Napoca, Dacia, 1995
    -Paul Cernat, Ion Manolescu, Angelo Mitchievici, Ioan Stanomir, Explorãri în comunismul românesc, [Explorations dans le communisme roumain], t. II, Iaºi, Polirom, 2005
    -Norman Manea Despre clovni. Dictatorul ºi artistul [Sur les clowns. Le Dictateur et l’artiste], Cluj-Napoca, Biblioteca Apostrof, 1997
    -Tia ªerbãnescu, Femeia din fotografie. Jurnal 1987/1989 [La Femme de la photographie. Journal 1987/1989], Bucarest, Compania, 2002
    - Florenþa Albu, Zidul martor (Pagini de jurnal) 1970/1990 [Le Mur témoin. Pages de journal 1970/1990], Bucarest, Cartea Româneascã, 1994
    - Bujor Nedelcovici, Un tigru de hârtie. Eu, Nica ºi Securitatea [Un tigre de papier. Moi, Nica et la Securitate], Bucarest, Alfa, 2003
    - Constantin Þoiu, Memorii vol. I-II, [Mémoirs t. I,II] Bucarest, Cartea Româneascã,
    - Ioulia Zaretskaia-Balsente, Les Intellectuels et la censure en U.R.S.S. . De la vérité allégorique à l’érosion du système, Paris, L’Harmattan, 2000
    - Paul Goma, Culoarea curcubeului ’77. Cod „Bãrbosul”[La Couleur de l’arc-en-ciel ’77. Code « Le Barbu »], Iaºi, Polirom, 2005
    - Silviu Curticeanu, Mãrturia unei istorii trãite [Le Témoignage d’une histoire vécue], Bucarest, Albatros, 2000
    - Paul Niculescu-Mizil, O istorie trãitã [Une histoire vécue], Bucarest, Editura Enciclopedicã, 2002 - György Konrad, Ivan Szeleny, La Marche au pouvoir des intellectuels, traduit du hongrois par Georges Kassai et Pierre Kende, Paris, Éd. du Seuil, 1979
    - Anneli Ute Gabanyi, Literatura ºi politica în România dupã 1945 [La Littérature et la politique en Roumanie après 1945], Traduit de l’allemand par Irina Cristescu, Bucarest, Editura Fundaþiei Culturale Române, 2001
    - Mircea Zaciu, Jurnal vol. I-III, [Journal ], Cluj-Napoca, Dacia,
    - Dumitru Popescu, Un fost lider comunist se destãinuie [Un ex-leader communiste se confesse], Bucarest, Expres, 199?
    - Mihai Dinu Gheorghiu, Les Métamorphoses de l’agit-prop: les institutions de contrôle des intellectuels par les partis communistes et leurs transformations après 1989, Paris, École des Hautes Études en Sciences Socales, 1997
    -L’Engagement des intellectuels à l’Est, textes réunis par Catherine Durandin, Paris, L’Harmattan, 1994
    - Mircea Sântimbreanu, Carnete de editor [Carnets d’éditeur], Timiºoara, Amarcord, 2000
    - Radu Cosaºu, Autodenunþuri ºi precizãri [Autodénonciations et précisions], Bucarest, Hasefer, 2001
    -Ileana Mãlãncioiu, Recursul la memorie [Recourir à la mémoire], Iaºi, Polirom, 2003
    Périodiques
    -Colecþiile de legi, decrete ºi decizii din [Les collections des lois, décrets et décisions de ]
    -Repertoriile generale ale legislaþiei in vigoare [Le Répertoire général de la législation en vigueur]
    D’autre sources
    -Actes et documents fournis par Dan Culcer
    -Documents de l’archive de l’Union des Écrivains
    -Lettres par email et discussions avec les écrivains Constantin Þoiu, Dan Culcer, Dinu Flãmând, Aurel Rãu, Dan Damaschin
    Pierre Bourdieu, Langage et pouvoir symbolique, Préface de John B. Thomson, Paris, Editions Fayard, 2001, p. 195
    Marie Kuhlmann, Nelly Kuntzmann, Hélène Bellour, Censure et bibliothèques au XXe siècle, Préfaces par Martine Poulain et Jean Hébrard, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 1989 (la définition appartient à Marie Kuhlmann)
    Ibid., Jean Hébrard, p. 13
    T. H. Rigby, Political Legitimacy, Weber and Communist Mono-organisational Systems, dans T.H. Rigby, Ferenc Feher, Political Legitimation in Communist States, Macmillian Press, 1982
    Cristian Bocancea, La Roumanie du communisme au post-communisme, Paris, L’Harmattan, 1998, p. 33 On partage dans ce sens l’opinion de Miklos Haraszti selon laquelle « la censure – pour autant même qu’elle puisse être localisée dans les appareils culturels ou administratifs – n’est plus exercice d’oppression, mais lieu naturel de la production culturelle » (L’Artiste d’État. De la censure en pays socialistes, Traduction du hongrois par George Kassai, Révisée par l’auteur et par Etienne Pereny, Paris, Éd. Fayard, 1983, p. 11). On ajoute aussi l’argument de Roland Barthes qui considère que la langue est “fasciste” non parce qu’elle interdit de dire, mais parce qu’elle oblige à dire (Leçon, dans Œuvres complètes, t.III, Paris, Éd. du Seuil, , p. 806). L’hypothèse de R. Barthes constitue le point de départ de la démonstration de Hélène Merlin-Kajman dans La Langue est-elle fasciste?, Paris, Éd. du Seuil, 2003
    Gisèle Sapiro, La Guerre des écrivains, Paris, Éd. Fayard, 1999, p.63
    On signale l’étude du scientifique roumain Adrian Marino, projet resté inachevé à cause de la disparition de l’auteur: Cenzura în România. Schiþã istoricã introductivã [La censure en Roumanie. Esquisse historique introductive], Craiova, Aius, 2000. Un autre livre de référence est celui de Marian Petcu, Puterea ºi cultura. O istorie a cenzurii [Le Pouvoir et la culture. Une histoire de la censure], Introduction par Mihai Coman, Iaºi, Polirom, 1999.
    Paul Caravia réalise un dictionnaire des auters et des livres interdits en partant des multiples sources assez difficilement accesibles: Gândirea interzisã. Scrieri cenzurate în România [La pensée interdite. Des écrits censurés en Roumanie ], Introduction par Virgil Cândea, Bucarest, Editura Enciclopedicã, 2000. Marin Radu Mocanu publie des documents existants dans les archives du Comité Central du Parti Communiste Roumain et dans les archives nationales: Literatura românã ºi cenzura comunistã [La littérature roumaine et la censure communiste ], Bucarest, Albatros, 2003. Bogdan Ficeac présente et interprète les métamorphoses de la censure utilisant principalement des documents législatifs: Cenzura comunistã ºi formarea omului nou [La Censure communiste et la formation de l’homme nouveau], Préface par Daniel Barbu, Postface par Petru Ignat, Bucarest, Nemira, 1999
    1948 marque l’institution du contrôle total de l’État sur l’activité éditoriale par la nationalisation de toutes les entreprises typographiques, maisons d’édition, fabriques de papier.
    En Roumanie, l’Union des Écrivains est née de l’union de l’Association des Écrivains et l’Association des Auteurs Dramatiques. Comme le démontre Marc Ferro pour le cas soviétique, cette mesure renforce l’ambivalence de la situation de l’artiste dans une économie de monopole étatique: elle doit annihiler le pluralisme culturel tandis qu’elle favorise la concentration du capital symbolique des artistes et la consolidation de leur position dans le champ du pouvoir. (Marc Ferro, Des Soviets au communisme bureaucratique, Paris, Éd. Gallimard/ Julliard, 1980)
    En 1946 il y avait une Direction de la Presse subordonnée au Ministère des Informations où fonctionnait depuis 1943 (donc sous le gouvernement du Maréchal Ion Antonescu) une section dite « normative » qui élaborait les articles d’actualité écrits en conformément aux directives du directeur de l’organisme. Ironiquement, les personnes travaillant ici étaient des gens de lettres qui ont débuté avant l’instauration du régime communiste et qui ont continué leur activité littéraire et professionnelle (en tant que fonctionnaires) après 1945. Il s’agit de Cicerone Theodorescu, poète, employé dans la Centrale du Livre et vice-président de l’Union des Écrivains, Eugen Jebeleanu, poète engagé dans les années 50, membre des hautes structures de l’Union et George Macovescu, publiciste et prosateur, secrétaire général du Ministère des Informations ), président de l’Union des Écrivains ). Ces auteurs sont bannis à cause de leur activité anti-communiste, mais aussi pour leur qualité de symboles nationaux d’un régime révolu. Parmi Nichifor Crainic, Radu Gyr, Octavian Goga, Nicolae Iorga, Iuliu Maniu, Mircea Vulcãnescu, Corneliu Zelea Codreanu on trouve aussi Mihail Kogãlniceanu ), ancien animateur culturel et militant pour l’émancipation des roumains ou Mihai Eminescu ), grand poète romantique et publiciste combattant.
    Il s’agit de Marcel Breslaºu, Geo Bogza, Silviu Brucan, Mihu Dragomir, Mihail Roller, Sorin Toma, Alexandru Jar. En 1956 on élimine aussi des bibliothèques (on les transfère dans les fond spéciaux des bibliothèques) les rapports de Gh. Gheorghiu-Dej aux congrès du Parti ainsi que des livres édités par „Cartea Rusã” [« Le livre russe »] ou P.C.R. (Ionuþ Cristea, István Király, Doru Radosav, Fond secret. Fondul „S” Special – Contribuþii la istoria fondurilor secrete de bibliotecã din România. Studiu de caz. Biblioteca Centralã Universitarã „Lucian Blaga”, [Fond secret. Le Fond « S » Spécial – Contributions à l’histoire des fonds secrets de bibliothèque de la Roumanie. Étude de cas. La Bibliothèque Centrale Universitaire « Lucian Blaga »], Cluj-Napoca, Dacia, 1995)
    Nichifor Crainic et Radu Gyr collaborent à la revue pour l’émigration « Glasul Patriei » [ « La Voix de la patrie »] après leur sortie de la prison. Un autre cas intéressant est celui de Tudor Arghezi, auteur répudié en 1948 et réhabilité en 1955. Cette sorte de censure symbolique (qui frappe un nom consacré sans toucher la personne physique) est très bien synthétisée par Angelo Mitchievici dans la formule « destruction en effigie » (Poetul ºi cadavrul, dans Paul Cernat, Ion Manolescu, Angelo Mitchievici, Ioan Stanomir, Explorãri în comunismul românesc, [Explorations dans le communisme roumain], t. II, Iaºi, Polirom, 2005) Paul Caravia, op. cit., p. 28
    Elle transmet les directives aux bibliothèques du pays et oblige les salariés d’exprimer leur adhésion écrite aux indications du Parti.
    À la suite du IIIe Congrès du Parti, les Instructions N° 346/ 1960 établissent les trois fameuses catégories des fonds des bibliothèques: le fond secret « S », le fond documentaire accessible seulement aux spécialistes avec approbation, et le fond libre. En 1987 le fond « S » de la Bibliothèque Centrale d’État (actuellement la Bibliothèque Nationale) contient 26.549 livres.
    Un projet de loi de 1951 stipule que toute information géographique, technique ou statistique sur la production et l’industrie entre dans la catégorie des secrets d’État. (apud. Bogdan Ficeac, op.cit., p. 80) Ce sont les mots que Norman Manea est conseillé de soustraire de son roman Plicul negru dont l’odyssée dramatique est analysée par l’auteur même dans le livre Despre clovni. Dictatorul ºi artistul [Sur les clowns. Le Dictateur et l’artiste], Cluj-Napoca, Biblioteca Apostrof, 1997, p. 29
    Tia ªerbãnescu, Femeia din fotografie. Jurnal 1987/1989 [La Femme de la photographie. Journal 1987/1989], Bucarest, Compania, 2002, p. 131
    Florenþa Albu, Zidul martor (Pagini de jurnal) 1970/1990 [Le Mur témoin. Pages de journal 1970/1990], Bucarest, Cartea Româneascã, 1994, p. 291 et 312
    Bujor Nedelcovici, Un tigru de hârtie. Eu, Nica ºi Securitatea [Un tigre de papier. Moi, Nica et la Securitate], Bucarest, Alfa, 2003, p. 130. Dans ses mémoires, le prosateur Constantin Þoiu raconte les histoires de la publication de ses livres ou articles qui gênent les autorités à cause d’une scène de suicide ou d’héroïsme perdant (Memorii vol. I,II, [Mémoirs t. I,II] Bucarest, Cartea Româneascã, 2003, 2004 ). Les livres de contestation véhémente comme celui de Paul Goma (Ostinato, refusé en Roumanie et publié en 1971 aux Gallimard et Suhrkamp), Constantin Dumitrescu (La Cité totale, écrit en 1980) ou Bujor Nedelcovici (Le Second Messager, Albin Michel, 1985) sont écrits en Roumanie mais publiés ailleurs.
    Le poète Dinu Flãmând est destitué en 1971 de la Centrale Éditoriale à cause du volume de vers de Nina Cassian, Marea Conjugare [La Grande Conjugaison] (dialogue personel avec l’auteur).
    Un thème qui reste délicat est celui des relations avec les hongrois et le rôle de l’armée hortyste à la fin de la deuxième guerre mondiale. Le roman de Romulus Zaharia, Ademenirea (1983), est retiré des librairies et brûlé. On souligne que l’auteur était lui-même censeur-instructeur au Conseil de la Culture et de l’Éducation Socialiste.
    On retient le témoignage bouleversant du poète Dan Damaschin dont un volume de vers de 1985 passe d’un organisme de la censure à d’autres grâce à son « mysticisme », voir « pessimisme » (Expierile poeziei [Les Expiations de la poésie], dans « Familia », N°4/ 1990). D’autres témoignes des rédacteurs de la revue « Steaua » de Cluj-Napoca insistent sur les tabous relevant de l’érotisme ou de la sphère religieuse.
    Il y a beaucoup d’écrivains qui sont entraînés dans le front de la surveillance en tant que rédacteurs des revues ou des livres ou en tant que fonctionnaires travaillant dans les institutions littéraires. Le cas de Vasile Sav, poète, prosateur et censeur à la filiale de Cluj de la D.G.P.T. est significatif du point de vue de la duplicité et l’auto-manipulation engendrées par le système: il arrive à censurer ses propres poèmes que ses collègues ont publié dans la revue estudiantine « Echinox » de Cluj.
    C’est le nom sous lequel la censure est évoquée par les écrivains.
    Du point de vue légal elle est soumise au Conseil des Ministres (le gouvernement).
    En U.R.S.S., la censure est institutionnalisé à partir de 1922. La GLAVLIT (Direction générale de la sauvegarde des secrets d’État dans la presse) est subordonnée au Comité Central du P.C.U.S. et au K.G.B. (Ioulia Zaretskaia-Balsente, Les Intellectuels et la censure en U.R.S.S. . De la vérité allégorique à l’érosion du système, Paris, L’Harmattan, 2000, p. 128)
    En analysant les notes informatives de Securitate trouvées dans son dossier, Paul Goma suggère que l’interdiction de son roman Ostinato est ordonnée par Ceauºescu. Paul Goma, Culoarea curcubeului ’77. Cod „Bãrbosul”[La Couleur de l’arc-en-ciel ’77. Code « Le Barbu »], Iaºi, Polirom, 2005, p. 315 Il s’agit du film Faleze de nisip [Falaises de sable] d’après le roman de Bujor Nedelcovici (Bujor Nedelcovici, op. cit., p. 110)
    Silviu Curticeanu, Mãrturia unei istorii trãite [Le Témoignage d’une histoire vécue], Bucarest, Albatros, 2000, p.130
    Paul Niculescu-Mizil est l’initiateur du Front de l’Unité Socialiste en 1968 à la suite de la réunion du Parti Communiste où sont condamnés les abus de l’époque de Gh. Gheorghiu-Dej. Le F.U.S. est envisagé comme une alliance entre le Parti et le peuple dans le grand spectacle de légitimation de l’année 1968, quand Ceaucescu condamne l’invasion de la Tchékoslovaquie par les troupes du pacte de Varsovie. (Paul Niculescu-Mizil, O istorie trãitã [Une histoire vécue], Bucarest, Editura Enciclopedicã, 2002, p. 170)
    La phase précoce du socialisme redistributif permet aux intellectuels de s’organiser en classe et de maintenir une domination sociale soustraite aux lois pragmatiques. Selon György Konrad et Ivan Szeleny, le système communiste d’allocation assure les conditions idéales pour que la vocation générique (transcendance) et la condition génétique (détermination historique) des intellectuels puissent fusionner. Beaucoup d’analystes soviétologues accréditent l’idée que la déstalinisation relance l’intelligentsia sur l’orbite du missionnarisme national progressiste.(La Marche au pouvoir des intellectuels, traduit du hongrois par Georges Kassai et Pierre Kende, Paris, Éd. du Seuil, 1979) Editura pentru Literaturã ºi Artã [La Maison d’édition pour la Littérature et l’Art] Anneli Ute Gabanyi, Literatura ºi politica în România dupã 1945 [La Littérature et la politique en Roumanie après 1945], Traduit de l’allemand par Irina Cristescu, Bucarest, Editura Fundaþiei Culturale Române, 2001, p. 93
    Editura pentru Literaturã [La Maison d’edition pour la Littérature]
    Editura pentru Literaturã Universalã [La maison d’édition pour la Littérature Universelle]
    On passe de 15 régions (16 avec la Région Autonome Hongroise) à 39 départements. Cette action administrative est dictée par la volonté politique d’incorporer la Région Autonome Hongroise et de développer un vaste programme national de mobilisation sous les apparences de la décentralisation. Un des documents qu’on a récemment découvert dans l’archive de l’Union des Écrivains indique aussi l’intention des autorités de briser le monopole de cette institution en la divisant en associations territoriales. Elles sont établies par le Décret 417/ 1962. La Loi 27/ 1967 étend le spectre d’actions du Comité en lui imposant l’organisaton des écoles de cadres et le contrôle sur toutes les unités typographiques. Le poète Dinu Flãmând est un de ces jeunes qui se trouvent transplantés dans la Centrale (au Service des „Synthèses”) et qui ne comprennent pas très bien leur rôle. Il est transféré dans un autre service en 1971 à cause d’un volume de vers de Nina Cassian dont il écrit un rapport favorable. Dinu Flãmând croit que le ministre de la culture voulait démontrer aux autorités que ses recrues sont premièrement des critiques et des intellectuels capables. (dialogue personnel avec Dinu Flãmând) Il est un personnage central de la relation entre le pouvoir et la culture. Directeur de l’agence de presse AGERPRESS sous Gh. Gheorghiu-Dej ), il devient spécialiste dans les problèmes de filtrage et de manipulation de la culture. Les fonctions qu’il occupe mettent en évidence l’unité politique de conception entre diriger, stimuler et censurer les arts: il est presque à la fois président du Conseil National de la Radiotélévision Roumaine ), président du Conseil de la Culture et de l’Éducation Socialiste ), chef de la Direction de la Presse du C.C ) et guide du Comité d’État pour la Presse et les Impressions ). Il est sollicité pour résoudre les disputes au sein de l’Union des Écrivains, les cas des livres problématiques et il prend part aux missions diplomatiques officielles. Voir à ce sujet le volumes du Journal de Mircea Zaciu, Cluj-Napoca, Dacia, et les dialogues « déguisés » de Dumitru Popescu lui-même: Un fost lider comunist se destãinuie [Un ex-leader communiste se confesse], Bucarest, Expres, 199? Le livre « Moisei » initialement intitulé Arhanghelii cruzimii [Les Archanges de la cruauté] est refait à l’ordre du Parti. En 1971, le rendurcissement du régime débouche aussi sur l’académisation de l’Ecole de Parti « Stefan Gheorghiu ». Selon Mihai Dinu Gheorghiu, les bureaucrates tâchent ainsi de contrecarrer les effets de la courte libéralisation (Les Métamorphoses de l’agit-prop: les institutions de contrôle des intellectuels par les partis communistes et leurs transformations après 1989, Paris, École des Hautes Études en Sciences Socales, 1997). En 1975 la D.G.P.T. est transformée en Comité de la Presse et des Impressions. Après deux ans seulement il est dissout. On pense surtout au scandale qui déchire le monde des lettres à partir de 1979 (et qui mène au boycottage des réunions des écrivains en 1985) quand le prosateur Eugen Barbu, l’un des écrivains proches du cercle du pouvoir, est accusé de plagiat par ses collègues. D’ailleurs, Eugen Barbu est représentatif pour ce qu’on considère la « censure interne » accomplie par les écrivains entre eux-mêmes. En 1968 il demande aux autorités qui surveillaient l’activité de l’Union de réduire au silence les jeunes insurgents.
    Ce qui ne peut pas être publié à Cluj est renvoyé à Bucarest ou inversement. Ce qui ne doit pas figurer dans un livre, peut apparaître dans une revue littéraire. Ce qui ne peut pas paraître à une maison d’édition littéraire, est transféré à une autre (le cas de la traduction de Docteur Faust de Thomas Mann qui est publiée chez une maison d’édition musicale). Dan C. Mihãilescu considère que cette circulation des textes est une modalité de fonctionnement d’un système muni de soupapes ethniques et géographiques. (Dan C. Mihãilescu, L’intellectuel roumain de 1950 à nos jours: terreur, complicité, illusion du cheval du Troie, frénésie de la pêche en eaux troubles et perfidie du système des soupapes, dans L’Engagement des intellectuels à l’Est, textes réunis par Catherine Durandin, Paris, L’Harmattan, 1994)
    Mircea Sântimbreanu, Carnete de editor [Carnets d’éditeur], Timiºoara, Amarcord, 2000
    C’est le problème que Radu Cosaºu, publiciste et prosateur roumain, associe à la „quadrature du cercle” en Autodenunþuri ºi precizãri [Autodénonciations et précisions], Bucarest, Hasefer, 2001, p. 188
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