Aurora Mihacea. La faute du négationnisme (II). L'approche figuree
Data: Tuesday, August 28 @ 16:53:18 CEST
Topic: Lecturi critice





Sous le titre "L�approche figurée " , Aurora Mihacea continue l'analyse des problèmes de logique élémentaire qu'impliquent les définitions extensives et figurées du concept d'Holocauste, telles qu'elles sont formulées et appliquées par de divers expertes, indépendants ou non, en relation avec la réalité, l'historiographie et la politique. Il est évident que ces définitions ont un caractère politique, qu'elles sont adaptées, transformées et reformulées, d'où leur incohérence ilogique, en fonction de certaines nécessitées, extérieures à la tragédie de la communauté juive et à sa destinée humaine en soi.

On invite les lecteurs à un débat. On précise aussi qu'on n'attend pas des opinions formulées ad hoc, dont les forums de la presse roumaine sont pleins, avec leur violences verbales intolérables et surtout parfaitement anonymes, donc irresponsables, mais des contributions réelles au débat juridique, scientifique et historique.

Dan Culcer



La faute du négationnisme (II)

L'Approche figurée

En ce qui concerne la prononciation du verdict de négationnisme apporté à un auteur ou à un autre, je considère que cela sollicite beaucoup de prudence, car un texte peut parfois être un terrain où rien n’est-ce qu'il semble être. Voilà, comme j'ai démontré, les textes de Paul Goma ne sont négationnistes qu'une lecture superficielle, pendant ce que les textes de Andrei Oisteanu, auteur qui ne peut être soupçonné de négationnisme sous aucune raison, créent beaucoup de points d’interrogation. En plus, bien que les deux auteurs aient, au sujet de la tragédie des Juifs roumains des années quarante, des opinions différentes en ce qui concerne le terme qui la désigne, il y a tout de même un aspect extrêmement important de ce douloureux sujet de réflexion sur lequel ils semblent être d’accord. Je vais le détailler.

Holocauste " au figuré "

D'après Andrei Oisteanu, le terme d'Holocauste ne doit pas être utilisé "au propre ", mais comme 'tertium non datur, il signifierait qu'on impose l'utilisation du terme au figuré ; je cite : ” Mais il y a des commentateurs qui, de façon erronée, considèrent le terme au propre. Une erreur génératrice de confusions, parfois intentionnée ” (1). Je vais vous rappeler ce que le DEX dit sur le mot " figuré " et sur le syntagme " au figuré ": " figuré, -e, -s, -es (au sujet des mots, des expressions ou au sujet de leur sens) utilisé dans un autre sens que les sens habituel, propre, d'habitude pour obtenir des effets stylistiques. Au figuré = dans un sens différent du sens propre " (2)

Mais, le sens propre, caractéristique au terme d'Holocauste, est celui d'extermination obtenue par brûlement. Et le sens figuré demandé s'obtiendrait par l'élimination des notes caractéristiques pour ce terme, respectivement par l'élimination de la note de destruction par brulement, tout comme celle de la note de destruction totale.

Dans un sens différent combien différent ? Je comprends qu'il est normal de faire abstraction de la modalité dans laquelle le crime a été commis ; n’importe comment, par brûlement au par une autre manière, c'est également d'un crime arrêter le fil de la vie — qu'on parle. Mais jusqu'oùù peut aller la figuration de ce terme ? Le nouveau sens, peut-il aller jusqu'àà l'élimination de la note qui montre la quantité quasi-totale de la destruction, ça veut dire jusqu'à à l'élimination de la note d'extermination ?

La critique de la définition des sénateurs

En 2002, la définition suivante pour le terme Holocauste a été formulée par la Commission de Culture du Sénat : " l'extermination systématique en masse des Juifs européens dans les camps d'extermination nazis, pendant la Deuxième Guerre Mondiale "(3).

Comme on peut voir, c'est une définition centrée sur la note essentielle d’Holocauste, celle d'extermination ; Andrei Oisteanu réagit promptement, en spécifiant : la nécessité d'incriminer par définition les alliés des États nazis ; la nécessité d'englober les Romanichels aussi dans la définition du terme Holocauste ; la distinction entre les camps d'extermination et les camps qui n'étaient pas " proprement dits " d'extermination (4) ; toutefois, des gens y sont morts que nous comprenions que Andrei Oisteanu nous propose de les envisager comme des camps d'extermination " au figuré " ? Ensuite : ces camps qui n'étaient pas "proprement dits " des camps d'extermination, je déduis du contexte qu'il les appelle aussi des " camps de Antonescu " ; il aurait été correct que Andrei Oisteanu nous explique, du moment qu'il a fait une comparaison entre les deux types de camps des camps nazis et des camps qui ne sont pas " proprement dits " d'extermination -, quelles sont les différences essentielles entre ces camps sur la ligne des dimensions de l'extermination parce qu'il nous transmet l'idée qu'il y a des différences importantes, puisqu'il n'inclût pas dans la dénomination de camps d'extermination nazis ceux qui ne sont pas " proprement dits des camps d'extermination ", quoiqu'une autre autorité dans le domaine, M. Shafir, soutienne à la page 63 de son livre (6) que la Roumanie partageait " le credo idéologique nazi " et qu'il précise quelle était un État qui, par ses actions, avait participé au crime.

Peut-être que les auteurs A. Oisteanu et M. Shafir devraient expliquer l'aspect : la Roumanie, a-t-elle été un État nazi ou pas ? Et dans quelle période dans la période de l'Étal National Légionnaire, ou pendant toute la période dans laquelle Ion Antonescu a eu le pouvoir ?

Peut-être qu'on me dira que je pose des questions inutiles, mais il est possible qu'on nous explique que la Roumanie a été un état nazi « au figuré », donc ma
La contradiction fondamentale d'un texte

Je ne peux pas ne pas remarquer la contradiction dans laquelle se débat ce texte de A. Oisteanu : dune part, à cause de la « situation atypique » de la Roumanie où une partie de la communauté juive a survécu après les années 40 — on apprend dans le livre de T. Solomovici (7) qu'au mai 1945 il y avait encore en vie la moitié des 810 mille Juifs existants en 1940, et lune des sources de base de cet auteur est le Rapport Final de la Commission Internationale pour l'étude du Holocauste en Roumanie situation qui pourrait être ”spéculée par les négationnistes ”, on nous demande de ne pas prendre au propre, de ne pas mettre l'accent sur les deux notes du contenu du terme d'Holocauste, de ne pas envisager le terme Holocauste « au propre », ce qui signifie, n'ayant pas d'autre possibilité, faire abstraction de l'extermination Dautre part, on nous demande d'introduire les persécutions dans la définition du Holocauste, à côté l'extermination à laquelle ont été soumis les Juifs et les Romanichels. Ce qui signifie garder la note d'extermination du contenu du terme. Ajoutez-y le fait que presque tous les travaux sur la thématique du Holocauste roumain de ce connu anthropologue mettent en relief la note d'extermination.

La théorie de létape précédente, point commun entre A. Oisteanu et Paul Goma

En critiquant la définition des sénateurs, A. Oisteanu dit, je cite : « Finalement, tout comme le Goulag, lHolocauste est un phénomène complexe, avec des implications politiques, juridiques, sociales et morales. A mon opinion, ce terme ne couvre pas sémantiquement seulement « l'extermination des Juifs », mais aussi les mesures qui lont précédée, préparée et lont rendue possible : la discrimination par la loi, la perte des droits civiles, la révocation des fonctions, la confiscation des propriétés, lémigration forcée, la stigmatisation avec létoile jaune, la ghettoïsation, la déportation dans des camps » (8).

Donc, conformément à A. Oisteanu : les persécutions, la ghettoïsation, la déportation font partie dune première étape, précédente, préparatrice pour l'étape de l'extermination des Juifs (« les mesures qui l'ont précédée, préparée et l'ont rendue possible »), donc du Holocauste, car au moins c'est ça la caractéristique qui donne lunicité du Holocauste, exactement comme le soutient M. Shafir aussi, l'extermination des Juifs sans tenir compte de leurs options sur le plan politico idéologique

Si c'est comme A. Oisteanu le dit, alors létape précédente où sont comprises les persécutions, les ghettoïsations, les déportations serait autre chose que « l'extermination des Juifs » (ça veut dire lholocauste), en impliquant un autre niveau de faute ; si c'est comme ça, alors cette théorie de létape précédente du Holocauste qui ressort du texte de A. Oisteanu est le point commun avec Paul Goma qui reconnaît les persécutions, les déportations des Juifs et des Romanichels « seulement parce quils étaient des Juifs, des Romanichels » en Transnistrie, mais il ne considère pas que le terme Holocauste soit le plus approprié pour les décrire.

Négationnisme par le sens propre : La faute de la Commission Sénatoriale

En conclusion, A. Oisteanu constate que la définition de cette Commission nie lHolocauste en Roumanie et il accuse la Commission du Sénat de négationnisme bien que cette-ci donne une définition du Holocauste au propre, comme étant extermination de lethnie juive dans les camps nazis ; mais il y apparaît des point dinterrogation parce que, dune part, si la Roumanie était, par son « credo » et par ses actions, un état nazi (considéré même « au figuré » vu que cette approche figurée est reconnue par les spécialistes du domaine), alors la mention de lappartenance des camps dans la définition des sénateurs naurait pas pu exclure la Roumanie, et créer une définition spéciale pour inclure des états comme la Roumanie signifierait que la Roumanie nétait pas un état nazi, pas même « au figuré » ; dautre part, si les camps de Transnistrie, et ici je ne me permet que de citer A. Oisteanu, n'étaient pas « proprement dit » des camps dexterminationalors il se peut quici nait pas eu place je cite maintenant de la définition de la Commission Sénatoriale « l'extermination systématique en masse des Juifs européens » comme dans les camps nazis et comme ça on justifie la demande dune précision sur la ligne des dimensions de l'extermination, dune différence entre les états nazis et la Roumanie de ce point de vue. Autrement, pourquoi A. Oisteanu aurait-il protesté contre cette définition en accusant les sénateurs de négationnisme ?

Le paradoxe de lextension par rétractation

La demande denvisager au figuré le terme Holocauste est, en fait, une rétractation, car c'est une rétractation quand, après avoir accusé au propre pour des pogroms, des massacres, pour la mort et lassassinat d'un grand nombre de gens innocents en Transnistrie, on arrive à demander lincrimination, la nomination avec le terme Holocauste pour la réalité historique « atypique » de la Roumanie (9), non pas sur la base de l'extermination « au propre », mais sur celle de l'extermination «au figuré»

Sur une voie figurée, on réalise en même temps une rétractation en ce qui concerne les faits au propre (car, on comprend du texte de A. Oisteanu, au propre ce na pas été l'extermination de lethnie entière, je cite : « Comme la communauté des Juifs de la Grande Roumanie na pas été détruite entièrement.. »(10) , fait confirmé aussi par T. Solomovici qui nous dit qu'au mois de mai 1945 il y avait encore en vie la moitié du nombre de 810 mille Juifs existants avant le Diktat (11), mais, sur une voie figurée aussi, est réalisée une extension de la faute : bien qu'au propre il ny ait pas eu d'extermination de la communauté entière, pardonnez moi le pléonasme, on nous demande sur une ligne figurée (en faisant abstraction de la note de destruction totale) de considérer que l'extermination de lethnie entière sest produite, car cela signifie, tout de même, le terme d'Holocauste dans la perception de la majorité des lecteurs ; au plan juridique, lorsquon imposerait la condamnation dune personne parce qelle ne reconnaîtrait pas ladéquation du terme de Holocauste à cause de son extension, on entrave lacte de justice parce que lui-même, lacte de justice, il produit des sentences exactement pour ce qui sest fait au propre et non pas sur la base de ce qu'on considère qu'on avait fait au figuré.

Demande pour la session dexamens des magistrats : est-il possible dutiliser pour une faute, par la Loi, dans le Code Pénal, un terme « au figuré » ? Ne doit-on pas clairement délimiter la faute par des termes précis ?

A. Oisteanu versus M. Shafir….?

Du point de vue de la réalité historique
, par la souffrance sentie dans les pays européens dans lépoque respective, le peuple juif a décrit la tragédie vécue en utilisant à juste raison le terme d'Holocauste. Mais lutilisation au figuré du terme pourrait être permise du point de vue logique et historique à la fois, seulement sil garde la note essentielle du contenu propre du terme d'Holocauste, précisément celle d'extermination du Sujet Communautaire.

Autrement, le sens figuré du terme d'Holocauste résulte du fait qu'on fait labstraction de la deuxième note, celle de destruction par brûlement ; en réalité, la tuerie de toutes ces vies, nimporte la modalité de réalisation, est également grave. Mais, la note d'extermination du Sujet Communautaire ne peut pas être éliminée du contenu du terme d'Holocauste, cette note est donc linvariable que lutilisation figurée du terme doit garder obligatoirement. Au cas contraire, il ne sagirait plus du terme d'Holocauste, mais d'un autre terme, sauf le terme d'Holocauste. En plus, « lextirpation » de la note d « extermination », obtenue pour les locuteurs de langue roumaine à laide de terme « annihilation » en tant que substitut pour le terme d « extermination », rend impossible la véridicité de ce que M. Shafir, en allant sur les traces de Yehuda Bauer, soutient pour la singularité du Holocauste, son unicité : lintention de la totalité en ce qui concerne l'extermination des Juifs sans tenir compte de ce quils pensaient, sans tenir compte de lidéologie quils auraient adoptée ou qu'il auraient simulé dadopter.

La confusion

Cest vrai que lassassinat dune seule personne même est une faute extrêmement grave, la mort d'un homme étant une perte énorme ; mais, dans un tel cas, il sagit d'un autre plan celui de lindividu — et d'un autre terme celui d « homicide » —. A ne pas confondre donc les plans : le terme d « homicide » désigne laction de tuer exercée sur le Sujet Individuel, pendant ce que les termes d'Holocauste et dExtermination désignent laction de tuer exercée sur le Sujet Communautaire, ce quimplique un niveau de danger et de faute différent, d'un autre type. Les deux plans ne se confondent ni sur les faits, ni sur les lois, et la meilleure preuve en est le fait que, si au cas de lindividu on peut trouver des circonstances atténuantes, dans le cas de l'extermination quasi-totale dune communauté entière, c'est difficile de les invoquer.

(Note : lapproche figurée du terme d'Holocauste impose une approche figurée du terme dExtermination qui, sil signifie destruction du Total « au figuré », signifie seulement la destruction dune Partie au propre Donc la précision « l'extermination de lethnie entière » n'est plus un pléonasme).

Aurora Mihacea

Bibliographie :

1. A. Oisteanu, HOLOCAUST. ÎNCERCARE DE DEFINIRE, Lumea Libera, New York, nr770 le 4 juillet 2003, pag. 7 ;

2. DEX, HYPERLINK "http://dexonline.ro/search.php?cuv=figurat" http://dexonline.ro/search.php?cuv=figurat ;

3. A. Oisteanu, HOLOCAUST. ÎNCERCARE DE DEFINIRE, Lumea Liberã New York, nr770 le 4 juillet 2003, pag. 7 ;

4. A. Oisteanu, HOLOCAUST ÎNCERCARE DE DEFINIRE, Lumea Liberã New York, nr 770 le 4 juillet 2003, pag. 7 ; je cite : « La définition de la commission sénatoriale concerne lassassinat des Juifs seulement dans des camps d'extermination. Mais, pour définir le Holocauste on ne doit pas considérer seulement l'extermination dans les camps, mais aussi toute autre forme de décimation pratiquée par les autorités, comme cétait le cas en Roumanie à ce moment-là : les déportations en Transnistrie (où il ny avait pas « proprement dit » des camps d'extermination), les massacres dans les villes (Dorohoi, Bucarest, Iasi, Odessa), « les trains de la mort », etc.

5. A. Oisteanu, HOLOCAUST ÎNCERCARE DE DEFINIRE, Lumea Liberã New York, nr 770 le 4 juillet 2003, pag. 7 ; je cite : « On mentionne les « camps nazis » et non pas les camps de Antonescu (où les Juifs déportés sont morts en masse pour conséquence de leur soumission à un affreux régime de froid, famine, maladies, épuisement, etc.) ou les massacres auxquels larmée roumaine avait participé (Dorohoi, Odessa), ou larmée, la police et la gendarmerie roumaine (Iasi, « les trains de la mort ») ou les milices légionnaires (Bucarest, etc.)»
6. Michael Shafir, Între negare si trivializare prin comparatie. Negarea Holocaustului în tãrile postcomuniste din Europa Centralã si de est, Editura Polirom, 2002, pag 63 ;

7 Tesu Solomovici, "Istoria Holocaustului din România", Editura Tesu, Bucuresti, 2005, à voir Tesu Solomovici, Holocaustul Asimetric, Ziua, samedi, le 21 mai 2005, dossiers secrets, pag. I-III ;

8. A. Oisteanu, HOLOCAUST.ÎNCERCARE DE DEFINIRE, Lumea Libera, New York, nr770 le 4 juillet 2003, pag.7 ;

9. Idem ;

10. Ibidem ;

11 Tesu Solomovici, Holocaustul Asimetric, Ziua, samedi, le 21 mai 2005, dossiers secrets, pag. I-III.
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